publié le / 09 décembre 2018

catégories / histoire

cent quatre vingt huit

cent quatre vingt huit

1er octobre, 8h30.

Autour de la grande table en bois, pas très loin des croissants et des chocolatines de bienvenue, on se j(a)uge, café fumant devant nous. Il est encore tôt et on nous a bien dit de ne pas arriver en retard, à 8h30, on ferme les portes, tant pis pour vous. Alors on est tous là, les 22 petits nouveaux, batch 188, session d'automne du Wagon Montréal. Mi-excités, mi-fatigués - on perd vite l’habitude du rythme scolaire - il y a cette ambiance de rentrée des classes, cartables neufs en moins.

Après quelques cafés (les premiers d’une longue, très longue série, je pense avoir éclaté mon record de consommation de caféine pendant cette période-là), on s’est installés en classe, avec ces nouvelles habitudes que l’on va commencer à se fabriquer sans trop savoir encore jusqu’où elles iront. Ma place, deuxième table à gauche, place du milieu. J. à ma gauche, A. à ma droite. Ce sera comme ça tous les matins, tous les soirs, alternant ainsi les heures de cours tantôt très studieuses, tous très concentrés, fronçant des sourcils sur des concepts un peu compliqués encore, qui nous paraissent flous, abstraits, lointains ; tantôt d’une insolente déconcentration, fous-rires et gribouillis sur les cahiers, gloussement sur des blagues pas si drôles, mais après une journée passée à coder, qui nous en aurait voulu, de rigoler bêtement comme cela.

30 novembre, 18h.

Dans la salle, on a installé beaucoup de chaises, on vient de tester le son au micro, il faut le garder collé contre le menton, c'est mieux comme ça. Je fais des petits sauts sur place et je parle beaucoup trop fort pour essayer de canaliser mon stress. C. à côté de moi répète le bal, précieusement minuté, des enchainements d'écrans qu'elle pilotera de son clavier, pendant je présenterai l’application que l’on a fini de développer la veille au soir - on était dans les temps, même s'il a fallu quelques nuits écourtées pour y arriver. Depuis quelques heures déjà, on est tous prêts, stressés et fébriles, à l’idée de raconter en quelques minutes le travail des 10 derniers jours, des deux derniers mois.

Je suis morte de peur. Au cours de ces deux mois, j’ai gagné en confiance en moi, mais je reste terrorisée à l’idée de parler - en anglais - devant toute cette foule de gens, pour présenter le projet dont j’ai porté l’idée, cette app que nous avons construit tous les quatre, en partant d’une feuille blanche et de quelques post-its colorés collés sur la fenêtre. Morte de trouille de décevoir ma team, morte de trouille de ne pas être à la hauteur de nos profs, de tout ce qu'ils nous ont transmis.

Assis sur la grande table qui nous a vus crier de joie quand tout fonctionnait, qui nous a vu taper des poings quand, oh, j’ai tout cassé ; assis sur cette table, on balance des pieds en attendant. Certains ont déjà ouvert une bière, d’autres préfèrent se ronger les ongles en écoutant de la musique. C. s’est fait un thé « I really feel British when I do that ».

Les visages amis s’installent dans la salle, et puis c’est à nous. 5 minutes pour convaincre, 5 minutes pour prouver à toutes ces personnes, juste là devant, qu'on est bons, qu'on sait faire. C'est passé très vite - trop vite. La soirée s'est terminée avec beaucoup trop de ginto et de shooters, beaucoup de câlins, beaucoup de sourires, pas mal de cartes d'affaires dans la poche arrière du jean et surtout, ce petit bout de papier qui clame que c'est bon, on est pour de bon des full-stack devs.

le wagon montréal

Et puis entre ces deux moments, 9 semaines.

9 semaines de six-sept-huit-neuf cafés par jour, de cookies avoine-chocolat du 8ème étage, de bières le vendredi soir (les premières semaines, et puis dès le mardi soir, après), de yeux fatigués le matin pour le cours de la journée, de yeux perdus qui répondent d’eux-mêmes à la question « do you understand ? », de sourires victorieux quand c’est bon, je suis capable d’expliquer ce que je viens de faire, de bavardages un peu moins sérieux pendant les livecodes du soir - sorry about that. 9 semaines de messages en continu sur Slack, 9 semaines de sommeil oublié, de Sublime Text ouvert en permanence, de vie rêvée en lignes de commandes sur le terminal, de tickets ouverts auprès des profs alors qu'il suffisait juste de lire la doc - ou de relire son code pour voir qu'il manquait juste un point virgule quelque part, putains de points virgule.

9 semaines d’amitiés, aussi - parfois un peu plus, mais mes sous-entendus s’arrêteront là -, de petite bulle fermée, entre nous, on se serre les coudes, on apprend ensemble, à coder et à travailler, à expliquer, à se planter, à recommencer ; 9 semaines de lamentations autour de la machine à café, 9 semaines de yeux cernés. 9 semaines à part, entre les murs vitrés de La Gare, à se demander si vraiment, à la fin, on comprendra ce qu’il faut mettre dans le model ou dans le controller, 9 semaines de réactions endiablées sur slack - et un peu trop d'emojis personnalisés fabriqués.

Et puis, diplômes serrés contre le coeur et sourires grands comme ça, se tomber dans les bras.

La deuxième semaine, il y avait un apéro (on a beaucoup pris l’apéro pendant ces 9 semaines) où les alumni venaient nous parler un petit peu. Tous étaient d’accord sur la même chose, Le Wagon avait été l’une des plus belles aventures de leur vie. Je rigolais doucement au début, bien sûr que j’en attendais beaucoup, de cette formation, mais tout de même, je trouvais que c’était un peu exagéré. En deux mois, il ne peut pas se passer tant de choses.

7 semaines après, je suis convaincue que si, en fait. En deux mois, il peut se passer autant de choses et que deux mois peuvent suffire pour savoir que c'était l'une des plus belles choses de ma vie. Je n'ai jamais autant appris, que ce soit sur un point de vue technique que sur un point de vue personnel et humain que pendant ces deux mois, je ne suis jamais autant sortie de ma zone de confort que pendant ces 9 semaines et je crois bien que je n'ai jamais autant adoré ce que je faisais que pendant ces jours-là. C'était une expérience extraordinaire, j'ai rencontré des humains incroyables, (j'ai eu des crush sur tous les profs, mais allez, ça n'aurait pas été moi si cela n'avait été le cas), et si je ne sais pas encore exactement ce que l'avenir me réserve, tout ce que j'ai appris me sera précieux.

On a refermé la parenthèse petit à petit, entre le vendredi soir et le dimanche, distillant les derniers au-revoir, comme pour ne pas trop en avoir d'un seul coup.

On leur a déjà dit de vive voix, et je ne suis toujours pas à l’aise avec les grandes déclarations d’amour, mais tout de même, je voulais écrire noir sur blanc, une dernière fois, mon infinie gratitude pour l’ensemble des profs et de l’équipe du Wagon Montréal. Je n’avais jamais vu autant de passion, de dévouement et d’entraide comme cela et cela n’aurait vraiment pas été pareil sans eux.

le wagon montréal

La prochaine session débutera le 7 janvier à Montréal, elle dure 2 mois, et c’est à La Gare, dans le Mile End. Si vous êtes un petit peu intéressés mais que vous hésitez pour des raisons multiples, arrêter d’hésiter. Si vous avez envie d'avoir un petit aperçu des cours, des profs, de l'ambiance, Le Wagon propose des workshops gratuits assez régulièrement, c'est une excellente manière d'avoir un premier aperçu, à la fois de l'enseignement et des profs (les bests de l'univers). Et puis si vous avez des questions un petit peu plus précises, vous pouvez me les poser.

Quant à moi, maintenant que j'ai repris un rythme de vie à peu près normal - à peu près seulement parce que bon, quand je passe plus de 6 heures éloignée de mes lignes de code, je panique - je vais essayer de vous raconter mon voyage avec les baleines de septembre dernier.

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